Violoniste membre de l’Orchestre de Paris, professeur de préparation au concours d’orchestre au CRR de Paris, responsable pédagogique de l’Orchestre Atelier Ostinato et fondateur de l’ensemble Sirba Octet, Richard Schmoucler fait voyager ses racines, contraste les genres entre le savoir-faire de la musique classique et la vitalité de la musique du monde.
RICHARD SCHMOUCLER : DE L’ÂME AU COEUR
Comment est né le Sirba Octet ?
Mon parcours de musicien classique m’avait un peu éloigné de ces ambiances familiales mais en 2003, après le décès de mes parents, cela a été une évidence pour moi de revenir à cette musique et de partager ces moments de tristesse joyeuse avec le public. Je me suis entouré des arrangeurs Cyrille Lehn et Yann Ollivo, de cinq de mes amis musiciens membres de l’Orchestre de Paris, d’un pianiste et d’un cymbaliste pour fonder un ensemble, le Sirba Octet. Avec cet ensemble, j’ai voulu proposer un projet musical original et singulier à mi-chemin entre notre culture classique et la musique traditionnelle de l’Europe de l’Est, que nous définissons comme du Classic World.
Comment s’élaborent les programmes musicaux ?
J’ai tout d’abord puisé dans mes archives et dans mes souvenirs. À partir de vinyles, de cassettes audio m’appartenant depuis l’enfance et que j’écoutais en boucle avec mes parents, j’ai reconstitué mon univers musical familial. J’utilise fréquemment le medley dans mes programmes, ce qui me permet de mêler les différents styles entre le yiddish, le klezmer, le tzigane et le jazz manouche. Le programme A Yiddishe Mame est né en 2003 à partir de toutes ces réminiscences et de fait le Sirba Octet. Ma rencontre en 2007 avec la chanteuse Isabelle Georges issue de la comédie musicale a permis la création de deux programmes et la fusion de nos univers. Pourtant, Du Shtetl à New York et Yiddish Rhapsody, mélanges de répertoire traditionnel et de comédie musicale font appel aux mêmes racines, les compositeurs choisis de ces programmes ont puisé dans les mêmes sources et se sont exilés ou non aux États-Unis.
Après avoir épuisé une partie des titres emblématiques des répertoires populaires de l’Europe de l’Est, je me suis plongé dans une banque de données de plus de 8 000 morceaux traditionnels recueillis au fil de mes rencontres. Pour créer les deux derniers programmes et albums Tantz ! et Sirba Orchestra, j’ai fonctionné exclusivement au coup de cœur pour ma sélection. Le thème doit avant tout me faire vibrer, danser ou m’émouvoir. Je dois aussi pouvoir me projeter dans un arrangement possible pour le Sirba Octet. Les musiques traditionnelles sont essentiellement créées pour le chant, le violon, le bratch (alto à trois cordes), le cymbalum, la clarinette et la contrebasse. La spécificité du Sirba Octet est d’arranger ces partitions selon les règles de la musique savante pour un ensemble de musique de chambre et d’y inscrire des instruments classiques tels que l’alto, le piano et le violoncelle. Entouré d’artistes de grand talent, j’ai la chance de pouvoir mettre à profit le savoir-faire de chacun d’eux : improvisation, jazz, tango, virtuosité… Ma saveur de la musique traditionnelle a pris des accents nouveaux et créé un son unique qui n’existait pas.
Richard Schmoucler, Christian Brière violons, David Gaillard alto, Bernard Cazauran contrebasse, Claude Giron violoncelle, Philippe Berrod clarinette, Christophe Henry piano, Iurie Morar cymbalum.
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